Le Safran est-il vraiment efficace contre la dépression ?

A l’heure où la France est le plus grand consommateur d’anti-dépresseurs au monde, certains chercheurs se penchent sur des alternatives plus naturelles et aux effets secondaires amoindris. Le Safran a fait l’objet d’études permettant de révéler ses capacités de régulation de l’humeur dans le cadre de dépression. Voyons ensemble en détails les résultats des différentes études.

Safran : présentation botanique et historique

Le safran ou crocus savitus connu également sous le nom d’« or jaune » est une plante vivace et bulbeuse de la famille des iridacées pouvant atteindre une trentaine de centimètres de hauteur. Lors de sa floraison, entre septembre et novembre, chaque fleur renferme 3 pistils jaunes dotés de trois stigmates rouge orangé d’une longueur de 2,5 à 3,5cm. Ce sont ces stigmates qui dégagent une odeur aromatique réputée dans le monde entier et dont on se sert en phytothérapie.

« Safran » vient de l’arabe « za’farân » qui siginifie « colorer en jaune », jaune se disant « asfar » et fleur jaune « safrâ ». Il est utilisé depuis des milliers d’années dans la confection des repas mais aussi comme teinture naturelle, parfum et médicament comme l’attestent les écrits d’Homère dans l’Illiade. Par ailleurs, le safran est régulièrement employé dans la pharmacopée traditionnelle persane pour traiter les dépressions légères.

Composition chimique des stigmates du Safran

Plus de 150 composés volatils et aromatiques sont présents dans les stigmates dont l’aldéhyde terpénique : le safranal.

Par ailleurs, on retrouve également des composés non volatils comme : les caroténoïdes, des glucosides, des flavonoïdes, des celluloses, des lipides et des minéraux.

Propriétés pharmacologiques antidépressives

Des études cliniques* ont été réalisées en double aveugle sur 35 sujets présentant une dépression modérée à sévère (score d’Hamilton ≥18). L’effet anti-dépresseur d’un extrait éthanolique de safran a été comparé à un placebo. Après 6 semaines, les personnes ayant pris 30mg/jour d’extrait de safran avait un score d’Hamilton diminué de 12,20 points, contre 5,10 points pour le groupe placebo.

Deux autres études cliniques, qui ont été menées avec strictement le même protocole, ont comparé l’efficacité de ce même extrait de safran avec des molécules de référence dans le traitement de la dépression : la fluoxétine (dosée à 20mg/j)  et l’imipramine (dosée à 100mg/j). Les résultats ont montré une amélioration des scores d’Hamilton pour les 68 sujets ayant reçu de l’extrait de safran (-12,20 points) ou les molécules précitées (-15 points).

Ceci nous montre que l’extrait de safran est aussi efficace que les traitements utilisés dans les traitements conventionnels des dépressions modérées à sévères.

Le safranal, la molécule aux principes actifs intéressants

Comme énoncé plus haut, le safranal est un aldéhyde terpénique, un composé aromatique volatil présent dans les stigmates du safran. C’est ce même composé qui intéresse les chercheurs. Son action a été étudiée et ce qui en ressortirait est que le safranal recapterait la sérotonine, neurotransmetteur jouant un rôle primordial dans la régulation de l’humeur. Pour l’anecdote, la sérotonine est également appelé l’hormone de la bonne humeur.

Effets secondaires du safran, toxicité et précautions d’emploi

Le safran ne crée pas d’accoutumance ni de phénomène de manque en cas d’arrêt.

Au delà de 1,5g de safran, ont été rapportés des troubles de la coagulation sanguine, des troubles digestifs, des vertiges, des engourdissements, une coloration jaune de la peau et des muqueuses.

La dose létale est de 20g

Le safran est déconseillé pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que pour les personnes sous anti-dépresseur.

Si vous (ou un de vos proches) êtes concerné par la dépression, il n’est absolument pas recommandé d‘envisager une auto-médication car de nombreux facteurs physiologiques et psychiques entrent en jeu. Il est impératif de consulter un médecin ou un psychiatre qui lui seul pourra identifier si vous souffrez d’une dépression et en déterminera quel en est son degré. Une prise en charge médicamenteuse peut s’avérer nécessaire accompagné d’une psychothérapie. Cependant, si vous envisager d’effectuer un sevrage (sous le contrôle de votre médecin, très important !), cette alternative naturelle peut tout à fait faire office de relais jusqu’à l’arrêt de vos traitements. Ne jamais arrêter un traitement anti-dépresseur sans l’avis de votre médecin, j’insiste !

*LOPRESTI AL, DRUMMOND PD. Saffraon (Crocus Sativus) for depression : a systmetic review of clinical studies and examination of underlying antidepressant mechanisms of action.Hum Psyvhoparmacol, 2014 ; 29:517-527

et

HAUSENBLAS HA et al. Saffran (crocus sativus L.) and major depressive disorder : a meta-analysis of randomized clinical trials. J Integr Med. 2013 ; 11 : 377-383

Alexia Bernard 4 mars, 2019
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