Nutrition : Manger plus pour se nourrir mal et moins ?

« Une connaissance de la composition chimique des aliments est le premier essentiel dans le traitement diététique de la maladie ou dans toute étude de la nutrition humaine »

R.A. McCance and E.M. Widdowson,
The Composition of Foods, 1940

En 2016, nous vous dressions la liste des fruits et légumes les plus contaminés. Dans un article de 2017, nous vous parlions des aliments appauvris par la vie.

Qu’en est-il en 2018 ? 

Ce n’est plus un secret : Bien qu’ils fassent partie des aliments les plus sains que vous puissiez consommer, nos fruits et légumes sont  très souvent contaminés par les pesticides. En février, Générations futures a rendu public un rapport sur la présence des résidus de pesticides mesurés dans des fruits et légumes non bio consommés en France.

Source : Generations-futures.fr

En tout ce sont 19 fruits et 33 légumes qui ont pu être étudiés sur la base des données fournies par la direction générale de la répression des fraudes.

Quels résultats ?

Le raisin et le céleri se retrouvent en tête de cette triste liste.

Les Fruits les plus affectés :

  • Le raisin (89 % des échantillons contiennent des résidus de pesticides quantifiables).
  • Les clémentines/mandarines et les cerises (88 %)
  • Le pamplemousse (86 %)
  • Les fraises 
  • Les nectarines/pêches (83 %).

A l’inverse, ceux moins affectés sont les prunes/mirabelles (35 %) suivis des kiwis (27 %) et des avocats (23 %).

Côté Légumes, les plus contaminés sont :

  • Les céleris en branche (85 %)
  • Les herbes fraîches (75 %)
  • Les endives (73 %)
  • Les céleris-raves (72 %)
  • Les laitues (66 %).

Les plus épargnés sont les betteraves (4 %), les asperges (3 %) et le maïs doux (2 %). Là encore, 3,5 % des échantillons dépassent la LMR, en particulier les herbes fraîches, les céleris en branche, les blettes et les navets.

Notons tout de même que ces résultats présentent des limites car ils n’indiquent en rien les taux de concentration des pesticides retrouvés dans les aliments. Il faudrait néanmoins s’inquiéter des produits qui échappent à la réglementation…

Autre étude tout aussi interpellante : L’essor de la « calorie vide »

Depuis la fin des années 90, une dizaine d’études d’universités canadiennes, américaines et britanniques, ont fait état d’un effondrement de la concentration en nutriments dans nos aliments.

Ces travaux ont été résumés en 2007 par Brian Halweil, chercheur au Worldwatch Institute. « Still No Free Lunch » confirme ainsi l’essor de la « calorie vide » : grasse, sucrée et inutile pour la santé.

Vitamine C : une pomme hier = 100 pommes aujourd’hui

Halweil nous divulgue que les aliments réputés sains, vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligo-éléments ont été divisés par deux, voire par 100, en un demi-siècle.

Ne vous étonnez donc plus si vous êtes carencé car pour retrouver les qualités nutritionnelles d’un fruit ou d’un légume d’il y a 50 ans, il faudrait aujourd’hui en manger plusieurs kilos!

La quantité moyenne de lait produit par une vache laitière a quant à elle quadruplé. De 5.000 livres par vache en 1900, on passe à environ 22.000 aujourd’hui… 

Le bio plus nutritif ? 

Pour l’instant, les aliments bios contiennent significativement plus de nutriments essentiels que les autres. Néanmoins, selon certains observateurs de l’industrie biologique, l’avantage nutritionnel de la nourriture bio pourrait s’éroder si les agriculteurs biologiques commencent, eux aussi, à développer des systèmes à plus haut rendement..

A la fin de son rapport, le chercheur donne ainsi plusieurs conseils aux producteurs et aux scientifiques agricoles;

Il encourage notamment la croissance des racines en utilisant certaines formes organiques d’engrais (compost, fumier, culture de couverture) mais également la production phytochimique. Les techniques à considérer comprendraient une diminution des niveaux d’azote, permettant ainsi aux plantes de mûrir un peu plus lentement et atteindre une certaine maturité tout en réduisant l’utilisation de pesticides et en augmentant les contrôles.

La manière dont nous cultivons la nourriture, les produits chimiques utilisés dans l’agroalimentaire, les médicaments administrés aux animaux, les innombrables matières grasses et sucre ajoutés,… Tout ceci contribue indéniablement à l’augmentation de nos soucis de santé. 

Les prochaines années seront donc décisives. La fréquence et la gravité de nombreuses maladies dépendra de plus en plus de la qualité nutritionnelle des aliments et de la manière de les cultiver..  

La culture permanente, une piste salvatrice ?

Technique basée sur le laisser-faire, la permaculture consiste en l’imitation du fonctionnement des écosystèmes naturels tout en les appliquant aux domaines humains. Favorisant l’interaction entre les espèces, la permaculture se pratique sur des buttes de terre.

Il s’agit donc de planter des denrées complémentaires. Exemple avec la tomate et le basilic;  Les tomates profiteront du soleil en faisant de l’ombre au basilic qui, lui, va éloigner les insectes qui pourraient nuire à la croissance des tomates.

Pas de travail de la terre requis pour ce procédé donc. Il faut pouvoir observer ce qu’il se passe et interagir avec les éléments afin d’être le plus efficace possible.

Internet regorge de techniques, conseils et astuces pour cultiver en harmonie avec la nature. Alors, à vous de jouer !

 

Sources :
https://organic-center.org/reportfiles/YieldsReport.pdf 

 

127.dsm1957 11 juin, 2018
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